« Demeurer immobile, à écouter… c’est la tranquillité de l’axe au centre de la roue », constatait au siècle dernier l’écrivain britannique Charles Morgan. Belle image pour dire autrement que si on ne fait rien, alors c’est sûr rien ne bougera. Les politiques publiques alimentaires ont franchi des paliers intéressants ces dix dernières années. De nombreuses métropoles (Paris, Lyon, Montpelllier, Bordeaux, Grenoble, Marseille) ont fait évoluer leur restauration collective tandis que la loi EGalim est venue tracer une feuille de route (50 % de produits durables dont 20 % de bio dans les cantines, un objectif encore non atteint).

L’action de territoires comme celui de Mouans-Sartoux a largement contribué à susciter un engouement pour la question alimentaire. Mais il reste une grande majorité de territoires qui continuent de faire au mieux comme ils peuvent ou, au pire, ne font pas grand-chose. Occupées à gérer d’autres dossiers qualifiés de plus urgents, peu portées sur les questions qui interrogent le lien entre alimentation, développement local et santé publique, les collectivités ne se saisissent pas spontanément des enjeux alimentaires. Pourtant, s’engager sur une autre voie peut être une source de grands plaisirs et de résultats prometteurs. En remettant le contenu des assiettes au centre du débat, il est possible de faire levier sur de nombreux enjeux : quelle agriculture veut-on sur son territoire, quelle qualité de l’eau au robinet, quel niveau de relocalisation d’activités, quelle politique de santé, etc. Changer d’approche sur l’ensemble de ces questions demande bien sûr du temps, de la concertation, mais c’est un chantier passionnant et mobilisateur.