Une Maison d'éducation à l'alimentation durable, pourquoi faire ?
À la fois service public municipal, centre de ressources, lieu de visites de collectivités engagées, outil de recherche scientifique et support pédagogique, la MEAD est hébergée sur le site de la régie agricole de Haute-Combe, un domaine de six hectares acheté par la ville en 2005. Elle a été créée en 2016, quatre ans après le passage au 100% bio dans les cantines de la ville.
Cinq axes de travail
Reconquête du foncier agricole
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Accès physique et social à l’alimentation durable ▼
Éducation, sensibilisation et accompagnement
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Programmes de recherche-action
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Essaimage et
partage du projet
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Reconquête du foncier agricole
Située sur la Côte d’Azur, Mouans-Sartoux n’échappe pas au triple phénomène d’expansion urbaine, de spéculation immobilière et de raréfaction des terres cultivables. Ici, le prix du mètre carré, quand il est constructible, relève de la démesure, au point de devenir inaccessible et d’être l’une des causes de la faible augmentation de la population ainsi que de son vieillissement. Pour freiner la bétonnisation et rendre la ville plus respirable, la commune a fait le choix dès 2012 de resserrer son plan local d’urbanisme autour de la question foncière et des espaces cultivables. En redonnant leur vocation agricole à des terrains repérés comme aptes à recevoir des aménagements futurs, la commune a pu tripler les surfaces dédiées aux activités agricoles et nourricières : de 40 à 112 hectares.
Plusieurs méthodes permettent de reconquérir peu à peu le patrimoine foncier, même si une mairie ne peut pas tout ni forcer la main de tous les acteurs. Ainsi tout candidat à l’installation peut frapper à la porte de la MEAD et se voir accueilli, accompagné et préciser ses objectifs en compatibilité avec ceux de la commune et les possibilités d’installation.
Pour sensibiliser les propriétaires de terrains privés, un guide complet leur propose de s’associer au projet alimentaire local, de signer des baux relativement souples sans renoncer à leurs droits de propriétaire. Enfin, les producteurs installés ou à venir sont encouragés et soutenus financièrement par la ville lorsqu’ils choisissent de se convertir à l’agriculture biologique et de gérer l’eau de manière économe.

Accès physique et social à l’alimentation durable

Bien qu’elles soient historiquement au cœur de la transformation du territoire, les cantines entrent dans une dynamique de projet global qui a pour but de faire évoluer les pratiques de l’ensemble de la communauté. En quelques années, la ville a vu fleurir un magasin de producteurs, impulsé la création d’un marché hebdomadaire de producteurs bio, accueilli une ferme du réseau Cocagne, contribué à la naissance d’une Amap qui permet aux familles de prendre un « abonnement » chez un ou plusieurs producteurs et remplir en direct leurs paniers. La ville compte trois enseignes 100% bio ainsi qu’une épicerie associative. Et pour que la politique alimentaire profite aux publics plus fragiles, une épicerie sociale, gérée par le CCAS (centre communal d’action sociale), a été mise en place avec un rayon de vrac bio et des légumes labellisés et locaux. Un groupement de commandes solidaires de produits bio est aussi en préparation avec les habitants. Il permettra d’effectuer des achats en commun tout en réduisant les coûts. Plus récemment, en 2024, la municipalité a testé un dispositif de subventions pour inciter les restaurateurs et métiers de bouche à passer au label AB. Pour 1200 € d’achats de produits bio issus de la région PACA, ils se voient reverser jusqu’à 800 €.
Éducation, sensibilisation et accompagnement
Comment étendre à l’ensemble de la population les bonnes pratiques dont les enfants bénéficient à la cantine ? Mouans-Sartoux mène des actions spécifiques et organise régulièrement des rencontres avec les habitants. Le festival du livre de la ville, un des plus importants de France, participe depuis longtemps à la diffusion des idées autour des questions d’environnement et de meilleures pratiques démocratiques. Pour faire évoluer les habitudes alimentaires, la mairie et la MEAD multiplient les initiatives : envoi des menus de cantine aux parents, création d’un défi Familles à alimentation positive, organisation d’ateliers cuisine au siège de la MEAD. La restauration hors foyer dans les entreprises est également visée, en collaboration avec le Club des entrepreneurs du pays de Grasse. Enfin, la MEAD propose des classes alimentation durable pour les écoliers de la commune. Pendant une semaine ou une matinée par mois, les élèves mettent la main au vert -et à la terre.

Programmes de recherche-action

C’est l’un des points remarquables de la MEAD : documenter scientifiquement le projet alimentaire local grâce la participation d’acteurs évoluant dans le monde de la santé et de la recherche. L’idée consiste à en faire une sorte de laboratoire pour armer le plus sérieusement possible l’argumentaire des politiques publiques de l’alimentation durable et de leurs effets à l’échelle des territoires, puis à en restituer publiquement les résultats. Chaque année, le comité de pilotage de la MEAD se réunit en invitant des acteurs partenaires qui planchent sur différents sujets. Au côté des élus et du personnel municipal, on retrouve des intervenants issus de tous horizons : l’Ademe, la région Sud Paca, la Dreal, l’ARS, la fondation Carasso, la Draf, le programme Tetraa (Territoires en transition agroécologique), Agribio 06, Terre de liens, la chambre d’agriculture, le lycée agricole Vert d’Azur, la Safer, l’Inserm (étude Nutrinet-Santé), le département de santé publique du CHU, l’Université de Pau et des pays de l’Adour ou encore le Celt, l’Inrae, Terralim, AgroParisTech, le Codes 06, Ecocert, la Fnab, les acteurs et citoyens locaux, etc. Liste non exhaustive, vous trouverez tout le monde dans notre rubrique Partenaires.
Essaimage et partage du projet
Le dernier pilier de la MEAD vise à créer les conditions d’un transfert du projet alimentaire vers d’autres territoires, en France comme à l’étranger. Le mot transfert ne signifie pas copiage ni réplication, tant les modèles et les attentes des collectivités intéressées sont variés. Grâce au soutien de programmes et de financements publics et privés nationaux (fondation Carasso) ou européens (Urbact), cette démarche d’essaimage a pu atteindre plus de 800 collectivités en six ans. Mouans-Sartoux a également contribué à la création du diplôme universitaire « Chef de projet en alimentation durable » avec l’Université Côte d’Azur. Par ailleurs on ne compte plus les interventions de la MEAD à des événements extérieurs, en région, à Paris et à l’international. La MEAD a également organisé et reçu en 2024 les premières Rencontres nationales des fermes municipales.
