La régie agricole, un domaine de six hectares où pousse le bonheur collectif
Haute-Combe, c’est une solide ferme familiale aux airs de mas provençal avec ses dépendances, située à deux pas du centre-ville. Elle a bien failli devenir un lotissement de plus, composé de quelques villas confortables. Mais le courage municipal en a décidé autrement. La mairie a acheté le domaine en 2005 pour en faire un grand potager public qui assure aujourd’hui plus de 85% des besoins en légumes des cantines et leurs 1200 repas par jour. Pour ne rien gâcher, c’est un lieu enchanteur et poétique où viennent comme à un pèlerinage les enfants des classes vertes, les habitants et les nombreux visiteurs extérieurs à la ville.
Quand une municipalité devient agricultrice
Une régie agricole, c’est quoi ? C’est un domaine de production nourricier dont la gestion est assurée en direct par les services et les employés d’une collectivité. Aujourd’hui, et par extension, certaines communes en délèguent la prise en charge à un organisme, une association, un chantier d’insertion… Au début des années 2000, le mot de régie agricole était parfaitement inconnu, l’idée même de voir une municipalité se lancer dans le maraichage semblait saugrenue.
Mouans-Sartoux a osé franchir le pas, dans un premier temps par pragmatisme et pour répondre à une problématique toute bête : en passant les menus des cantines au 100% bio, aucun acteur de l’agroalimentaire n’était en mesure de répondre aux appels d’offres de la ville. Un peu de bio, c’était possible, mais autant, c’était trop. Or ne voulant se satisfaire de pommes de terre venues d’Égypte ni de fraises produites en février sous des serres chauffées dans le nord de la France, la commune décide dès 2010 d’installer sous contrat son premier maraicher professionnel à Haute-Combe.
Inventer un modèle qui n'existait pas
L’agriculteur municipal est bientôt rejoint par deux autres salariés. À eux trois, ils sèment, repiquent et font pousser plus de 25 tonnes de légumes par an, dont la plus grande partie est consommée du jour au lendemain et une autre est conservée dans une grande cellule de surgélation, bien pratique lorsque les légumes d’été voient déserter les enfants des écoles. Les communes voisines de Valbonne Sophia-Antipolis et Châteauneuf-Grasse, désireuses de reconquérir leur foncier agricole, ont d’ailleurs rejoint rapidement le mouvement en créant leurs propres fermes, qui sous la forme d’une société coopérative qui sous le statut d’une régie similaire. Dans leur sillon, de nombreuses collectivités de France et d’ailleurs, venues en visite à Mouans-Sartoux, se sont lancées dans l’aventure. On compte aujourd’hui une cinquantaine de fermes publiques en France, communales, intercommunales et départementales.
